Logo GIS

Pertes navales au combat. Expériences, gestion et adaptations (XVIIIe-XXIe siècles)

Paris

Du mercredi 4 au jeudi 5 décembre 2024

Thème: Construction navale, Défenses littorales, Guerre navale, Marine et politique, Risques et événements

Appel à communication pour le deuxième colloque du programme "War Losses & Naval Warfare"
Date limite des propositions : 15 mai 2024

Si les pertes navales varient considérablement selon les contextes – tactique, stratégique, technique sanitaire, météorologique, etc. – il n’en demeure pas moins que l’engagement est souvent lié à un moment d’une rare intensité au cours d’un conflit, mettant à distance l’aphorisme attribué au comte de Maurepas pour lequel « on manœuvre, on se tire des coups de canon, puis chacune des deux armées navales se retire et la mer n’en reste pas moins salée ». Tandis que le bailli de Suffren revient à Toulon en 1784 après trois ans passés à combattre en océan Indien avec l’ensemble ou presque de ses vaisseaux, l’amiral Woodward, qui commande la Task Force britannique déployée aux Malouines en 1982 avec 42 bâtiments, en perd 5 et voit 12 de ses unités sévèrement avariées. Quand l’escadre du premier rentre de campagne presque indemne, au prix cependant d’une impasse stratégique, la flotte du second rallie la Grande-Bretagne éprouvée, mais victorieuse. Le lien entre volume des pertes et issue du conflit est donc loin d’être univoque, tant l’ampleur et la nature des pertes humaines comme matérielles varient considérablement, indépendamment de la longueur du conflit, de son éloignement des bases arrières ou du nombre de plateformes impliquées. Ainsi, lors de la campagne de 1982, au terme de semaines de combats de haute intensité, la Royal Navy ne déplore la mort « que » de 255 marins servant sur six navires, dont quatre de premier rang, à comparer avec les 1.400 victimes de la destruction du seul HMS Hood, le 21 mai 1941, lors de la traque du Bismarck.

 

Ce second colloque du programme « War Losses & Naval Warfare », organisé avec le soutien du Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM), se propose d’étudier les pertes navales, matérielles comme humaines, au cours du paroxysme qu’est le combat. Tous les types de combat mettant en œuvre des forces ou des capacités navales seront envisagés, que ces combats se déroulent en mer, sous la mer ou au-dessus de celle-ci dans le cadre de la mobilisation des forces aéronavales avec une combinaison croissante des domaines de lutte tout au long du XXe siècle jusqu’à l’intégration accélérée du cyber et de l’espace depuis le début du XXIe siècle. Les opérations amphibies, conduites dans les « eaux brunes et vertes » des littoraux, des estuaires et des cours d’eau seront également interrogées. L’influence de l’état sanitaire des équipages sur les pertes au combat et sur les mesures prises pour y remédier ou en tirer avantage sera également considérée.

 

Quelles sont les interactions entre régime de pertes et cadres technico-sociaux des marines ou, en d’autres termes, quel lien peut-on établir entre d’un côté le nombre et la nature des pertes au combat et, de l’autre, les systèmes techniques, les doctrines et les cultures professionnelles des marines, mais aussi les différents types de conflit, qu’ils soient de basse ou de haute intensité, asymétriques ou pas ? Comment durer en opérations en gérant l’attrition des plateformes, des systèmes et des équipages avec une logistique souvent contrainte et, comment s’adapter, dans l’urgence des combats, à des plateformes opérant en mode dégradé (MACOPS dans les marines contemporaines) ? Comment parvient-on, à hauteur de passerelle, à maintenir la cohésion d’un équipage qui subit d’importantes pertes au cœur de l’action ?

 

L’étude des pertes au combat, au cœur du paroxysme guerrier, mobilise des registres différents, mais connectés que les communications sont invitées à considérer, notamment :

  • La capacité à durer au combat à travers les enjeux logistiques considérés dans toutes leurs temporalités. Dans l’action, la capacité à trouver, au cœur de l’affrontement, des solutions pour maintenir les capacités opérationnelles au/malgré le combat ; la possibilité de fonctionner en mode dégradé avec des plateformes avariées par les combats. À l’échelle d’une campagne où, souvent, plusieurs batailles ou combats, se succèdent, la nature de la « supply chain », les chaines d’approvisionnements, les bases industrielles ou logistiques, dont celles basées en mer, mobilisées pour « durer à la mer », réparer ou guérir. À cet égard, la mobilisation de moyens civils fait partie intégrante de l’analyse, car elle participe souvent de la capacité à absorber les pertes au cours d’une campagne.
  • Les effets de l’attrition, avec une attention portée aux conséquences des innovations, aux impacts des ruptures technologiques et à leurs effets au regard des pertes sur la conduite des opérations, les armements navals et la logistique.
  • Les hommes. D’abord dans l’étude de la manière dont fonctionnent l’urgence médicale, les dispositifs de secours, les chaînes d’évacuation des blessés, la gestion des corps des morts au combat. La question du maintien de la cohésion au sein d’un équipage décimé interroge la force morale autant que la discipline qui règne à bord et la prise en compte du retour d’expérience (« Retex ») de « damage control » à l’occasion de combats antérieurs. La question des relèves pourra également être abordée. Celle, enfin, de l’expérience combattante et ses spécificités sur mer.

 

 

Le comité scientifique recevra un résumé de la présentation d’environ 300 mots, accompagné d’une courte biographie avant le 15 mai 2024 à l’adresse suivante : warlosses.navalwarfare@gmail.com

 

Les langues de travail seront le français et l’anglais.

 

Les organisateurs prendront à leur charge les dîners et déjeuners à Paris. Ils pourront contribuer aux frais de transport et d’hébergement, en particulier des jeunes chercheuses et chercheurs.

 

 

Organisateurs : Erica Charters, David Plouviez, Benoît Pouget, Jean de Préneuf, Thomas Vaisset.

 


 

 

Comité scientifique : David Plouviez et Éric Schnakenbourg (Université de Nantes- CHRIA), Benoît Pouget et Nicolas Badalassi (SciencesPo Aix – Mesopolhis), Jean de Préneuf (SHD/Université de Lille), Thomas Vaisset (Université Le Havre Normandie -IDEES), Erica Charters (Oxford University), Jean-Marie Kowalski (École navale/Université Paris Sorbonne), Taline Garibian (UNIGE), Elisabeth Anstett (UMR ADES), Bertrand Taithe (Manchester University), Alan James (King’s College London), Chris Martin (University of Hull), Guy Chet (University of North Texas), Ben Schoenmaker (NIMH).

 

À propos de « War Losses & Naval Warfare »

Ce programme regroupe Sciences Po Aix et le Centre méditerranéen de sociologie, de science politique et d’histoire UMR 7064 (Mesopolhis), le Centre d’histoire des sciences, de la médecine et de la technologie de l’Université d’Oxford (OCHSMT), le Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA, Université de Nantes), le laboratoire Identité et Différenciation de l’Espace, de l’Environnement et des Sociétés (IDEES, Université Le Havre Normandie), l’équipe BONES du laboratoire ADES UMR 7268 (Aix-Marseille Université) et le Service historique de la Défense (SHD) et bénéficie du soutien du groupe international de recherche War Losses & Casualties, de l’université d’Oxford, du NIMH, du King’s Collège London.

 

Ce colloque est organisé avec le soutien du Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM).


e-mail : thomas.vaisset@gmail.com
[pdf] Appel à communications (121,14 ko)